Édition du mardi 2 mai 2006
L'Assemblée nationale examine le projet de loi sur l'immigration
Les députés entament mardi l'examen du projet de loi sur l'immigration et l'intégration, onze jours après la polémique déclenchée par les propos du ministre de l'Intérieur sur cette question très sensible à un an des échéances électorales.
Le texte vise à «transformer profondément» la politique d'immigration «pas dans la continuité mais dans la rupture», a-t-il expliqué devant les députés en commission des lois (voir nos informations complémentaires de ce jour).
Moins de trois ans après le texte qu'il a fait voter sur le même sujet, le projet de loi sur «l'immigration et l'intégration» entend substituer une immigration «choisie» à une «immigration subie» en favorisant l'entrée des diplômés mais en durcissant les règles d'entrée et de séjour pour les autres et en supprimant la régularisation automatique des clandestins.
Le ministre de l'Intérieur a récemment affiché sa volonté de prendre en compte les inquiétudes des opposants au projet. «Je n'accepterai pas d'aller au delà d'une certaine limite en matière de durcissement», a-t-il déclaré jeudi.
Des amendements devraient être adoptés en ce sens, notamment pour créer des organismes de contrôle incluant les associations.
Au moment où le texte vient en discussion, plusieurs démographes font remarquer que, loin des clichés, souvent véhiculés, de hordes d'immigrants allant sans cesse croissant, on est aujourd'hui globalement bien en-dessous des niveaux d'immigration du début du 20ème siècle.
«Dans les années 1900, explique Hervé Le Bras, démographe et directeur de recherche à l'Ined, la population des Etats-Unis augmentait annuellement grâce à l'immigration de 1,5% par an tandis que des pays comme l'Italie en perdait 1%».
«Aujourd'hui, poursuit-il, si nous avions des niveaux d'immigration analogues, les Etats-Unis gagneraient 4,5 millions d'habitants par an et la France environ 600.000».
Avec l'arrivée pour la seule France, en 2004, de quelque 140.000 entrants réguliers, et de 80.000 à 100.000 entrants irréguliers, on est effectivement loin du compte.
«S'il est vrai, dit pour sa part Jean-Christophe Dumont, économiste à l'OCDE, que sur les vingt dernières années, il y a eu une augmentation des entrants en France, ce pays se situe pourtant, avec deux entrées d'étrangers pour 1.000 habitants en 2002, tout en bas de l'échelle des pays de l'OCDE», juste avant la Finlande et la Hongrie.
A titre de comparaison, le Canada et le Royaume Uni comptent huit entrées d'étrangers pour 1.000 habitants, l'Italie sept pour 1.000 et la Suède cinq pour 1.000.<scr
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